En ce début d’année nous avons tous envie de nous souhaiter une bonne année et de formuler des vœux pour que ce monde troublé trouve un peu d’apaisement et de sérénité.
Mais il faut bien reconnaître que la tendance actuelle est plutôt à la radicalisation, à l’invective, voire à la guerre, dans une impossible écoute de l’autre. Dans un refus de tout compromis. Des fossés « civilisationnels » s’approfondissent entre des mondes qui ont de plus en plus de mal à se parler. Comme une dérive des continents que rien ne pourrait arrêter.
Dans ce contexte, la psychanalyse reste un îlot de réflexion, de pensée, d’échange et de respect de l’autre dans sa différence et sa singularité. Elle est une possibilité de s’extraire de la destructivité. Elle est une lutte contre la déliaison. Un espoir contre les dénis de toute sorte.
Pour continuer, il faut qu’elle puisse garder des repères théoriques solides sans tomber dans une rigidité excessive et stérilisante.
Depuis qu’elle a été fondée par Freud en 1910, l’Association Psychanalytique Internationale (API) tente de préserver des références communes, une langue commune. Mais est-il possible de s’extraire de contextes culturels très différents, comme on a pu le constater dans les débats sur l’analyse à distance ? Jusqu’où l’extension de l’API prend-t-elle le risque d’une dilution à l’heure où se dessine une « quatrième région » (l’Indo-Pacifique) ? Est-ce une utopie de s’ouvrir à des pays où la parole n’est pas libre et où toute critique met en danger celui qui ose parler ?
Dans cette archipélisation on réalise à quel point maintenir des îlots de réflexion et de créativité est absolument nécessaire. Chaque société de psychanalyse en est le garant. Chaque société a la responsabilité de la formation des analystes, d’une éthique de l’analyse, d’une conception du cadre. Regroupées dans le vaste ensemble de l’API, les sociétés d’analystes sont plus que jamais les piliers indispensables à la solidité de l’édifice.
C’est pour cela qu’en 2025 nous fêterons les 20 ans d’existence de la SPRF. Avec la satisfaction d’un énorme travail accompli et la certitude qu’il faut nous inscrire dans la durée. Et, avec d’autres, demeurer et rester un repère et un point d’arrimage dans un paysage mouvementé et plein d’incertitudes.
Bonne année à toutes et à tous !