JOURNÉE SCIENTIFIQUE DE LA SPRF
SAMEDI 25 JANVIER 2025
Association Quartier Notre-Dame-des-champs
92 bis boulevard du Montparnasse – 75014 Paris
ARGUMENT
L’enjeu majeur de la découverte freudienne est le surgissement des mots trouvés créés dans le vif du transfert et du contre transfert. Une rencontre à nulle autre pareille où le psychanalyste écoute un patient parler de ce qui lui arrive, de ce qui l’atteint, de sa souffrance, de ses réminiscences. Ce cadre permet l’accès aux fantasmes inconscients, aux affects les plus inattendus dans leurs formes et dans leur force pulsionnelle, afin de pouvoir les penser et trouver les mots pour les dire.
Depuis l’invention freudienne le monde a beaucoup changé. L’image est devenue reine. Elle est de toutes les scènes, privées et publiques. Voir d’abord. Penser et accéder aux mots, ensuite. Cet afflux d’images venues du dehors, de la réalité externe, cette captation, vient-elle barrer l’accès au sexuel infantile, aux fantasmes originaires ? Les écrans impactent-ils le penser-rêver ? Entravent-ils l’accès au symbolique, essentiel pour construire son roman familial et ne plus être pris en otage par la réalité vue et imposée de l’extérieur ? L’omniprésence des écrans modifie-t-elle nos constructions imaginaires, notre rapport à l’environnement, au réel, à notre corps et à nos sensations ?
La dématérialisation introduit une rupture entre le somatique et le psychique. Que devient le rapport au corps, à l’autre présent-absent ? Où se situent et s’éprouvent les limites entre le dedans et le dehors, le perçu et l’hallucinatoire ? La source corporelle perd-t-elle de son importance pour ne privilégier que le discours ? La dématérialisation ne signe-t-elle pas l’abandon du corps ou son insignifiance dès lors qu’il n’y a plus de limites à la matérialité et à la réalité imposées par la présence physique ?
La psychanalyse, et par conséquent les analystes, sont bousculés par l’arrivée des nouvelles technologies et leur temporalité immédiate. Cette « fréquentation intensive du monde digital tend à créer une abrasion des facultés imaginatives » et « l’addiction à l’immédiateté de la réponse court-circuite le travail psychique d’élaboration face aux énigmes » au profit d’un fonctionnement en pensée opératoire (Patrick Miller).
Que devient l’écoute du faux et du vrai, du délire et du rêve – fût-il un cauchemar - dans un monde où le vrai et le faux, le rêve et la réalité se télescopent ; dans la mesure où l’immédiateté, le tout tout de suite, en deux clics, abrase la temporalité psychique, la dimension de l’après-coup ? Comment la suprématie des nouvelles technologies vient-elle bousculer nos théories et/ou renforcer nos résistances ? Que devient le cadre analytique : dire, entendre, être entendu, au-delà du discours conscient ? Comment interroger l’impact du virtuel sur notre écoute ? Quelle influence sur le maniement du transfert et le repérage des mouvements contre-transférentiels en l’absence de relation analytique incarnée quand certains défendent l’analyse à distance, faisant fi de l’infra-verbal et de la sensorialité vécus en présentiel ?
Il nous faut, en présence, nous rencontrer pour échanger et en parler.
Secrétariat scientifique : Catherine Lacheny
Conseil scientifique : Catherine Desvignes, Valérie Tanquerey
Modération : Christine Voyenne, Joëlle Picard, Jean-Claude Stoloff
TEXTES DES INTERVENTIONS
Texte de l'intervention de Jean-Philippe GUÉGEN : Introduction à la Journée Scientifique
Présentation de Daniel DEFAYS par Christine VOYENNE :
J’ai le plaisir de vous présenter le professeur Daniel DEFAYS qui nous fait l’honneur aujourd’hui de venir nous parler de l’intelligence artificielle et nous expliquer comment elle fonctionne car, il faut bien le reconnaître, les psychanalystes ne sont pas très attirés par les nouvelles technologies et les craignent beaucoup, sans pourtant bien les comprendre et saisir réellement tous leurs enjeux. Nous avons cependant tout intérêt à les approcher car elles imprègnent déjà largement le monde où nos patients et nous-mêmes évoluons, parfois à notre corps défendant ...
Daniel DEFAYS, vous êtes Docteur en sciences et Professeur de la Faculté de Liège depuis 1991 où vous donnez un cours d’introduction à l’I-A à des étudiants en Sciences Humaines. Vous avez été un pionnier car vous vous intéressez à l’Intelligence Artificielle depuis plus de 40 ans. Vous aviez déjà publié un premier livre sur le sujet en 1987 qui s’intitule « L’esprit en friche : les foisonnements de l’intelligence artificielle » après avoir passé un an dans un laboratoire d’I-A aux États-Unis. Depuis, vous avez écrit et participé à de nombreux articles scientifiques dans divers ouvrages et revues, et votre dernier livre paru à l’Harmattan en 2020 traite des rapports qui existent entre la musique, les images et les saveurs, ce qui est actuellement votre sujet de recherche principal.
Texte de l'intervention de Daniel Defays : Émergence du sens en Intelligence Artificielle
Présentation de Monsieur Léolpoldo BLEGUER par Christine VOYENNE :
Léopoldo BLEGUER a quitté l’Argentine en 1976 après des études de médecine et de psychiatrie. Il vit depuis à Paris. Il est membre titulaire (formateur) de l’Association Psychanalytique de France. Il a publié des textes sur l’œuvre de Mélanie Klein, sur la psychanalyse au Río de la Plata (la rivière entre Argentine et Uruguay) et sur des questions méthodologiques en psychanalyse. Il est membre du Working Party de la FEP (Fédération européenne de psychanalyse), Spécificité du traitement psychanalytique aujourd’hui. Il a été membre du comité de rédaction de Libres cahiers pour la psychanalyse. Il a été Secrétaire général de la FEP (2012 à 2016) et Président de l’APF (2017-2019).
Il s’interroge sur la notion de cadre en psychanalyse depuis plusieurs années. Mais c’est l’exercice forcé des séances à distance durant la pandémie de Covid 19 qui l’a amené à prolonger ses réflexions par une réflexion plus poussée sur les pratiques de l’analyse à distance. Ce problème, très actuel, agite aujourd’hui les psychanalystes dans le monde entier, particulièrement à travers les débats dans l’IPA (International Psychoanalytical Association) dont les dernières recommandations sur la formation des psychanalystes viennent d’être actualisées dans une direction qui nous pose beaucoup de questions …
Son intervention a repris oralement ses réflexions sur ce sujet qui viennent d’être publiées au PUF sous le titre : « Analyse en présence, analyse à distance » dans la petite Bibliothèque de Psychanalyse.
PROGRAMME
Matinée | Modératrice Christine Voyenne |
9h00 : | Accueil des participants |
9h15 : | Jean-Philippe Guéguen : Introduction |
9h30 : | Daniel Defays : Émergence du sens en Intelligence Artificielle |
10h15 : | Discussion |
10h45 : | Pause |
11h15 : | Léopoldo Bleger : Les conditions de la cure : Présence et distance |
12h00 : | Discussion |
12h30 : | Déjeuner libre |
Après-midi | Modératrice Joëlle Picard |
14h00 : | Brèves Variations cliniques |
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15h00 : | Discussion |
15h30: | Pause |
16h00 : | Table ronde et discussion animée par Jean-Claude Stoloff réunissant l’ensemble des intervenants de la journée. |
17h30 : | Fin de la journée |